Le bon, la brute et le truand (ou séparer le bon grain de l’ivraie parmi vos clients)Tiré d’un film de Sergio Leone, le titre de ce bulletin Partenaires a pour but d’illustrer les trois principaux types de clients, allant du plus commun au plus rare, avec lesquels un entrepreneur général en construction résidentielle est appelé à transiger dans le cadre de la vente de maisons neuves.
Le bon
D’entrée de jeu, on peut affirmer que les acheteurs de maison neuve se classent, pour une très grande majorité d’entre eux, dans cette première catégorie : ce sont ceux qu’il serait convenu d’appeler les bons clients. Une fois que leur promesse d’achat d’une maison neuve a été acceptée par l’entrepreneur vendeur, ils respectent usuellement tous les engagements souscrits à la promesse bilatérale intervenue entre les parties.
Ainsi, ils font leurs versements progressifs conformément à l’échéancier prévu au contrat, effectuent aux dates convenues les choix de matériaux et de couleurs chez les fournisseurs, paient sans discuter les extras demandés à l’entrepreneur en cours de construction, passent signer l’acte de vente à la date fixée chez le notaire instrumentant et paient alors le solde du prix d’achat de leur nouvelle maison. En d’autres termes, ce sont de bons clients qui respectent les obligations qui leur incombent en vertu du contrat.
La brute
Les clients qui peuvent personnifier la brute dans cette catégorie, quoique peu nombreux en général, se caractérisent en quelque sorte par un besoin de montrer à l’entrepreneur leurs connaissances ou leur savoir-faire dans un domaine particulier de la vie civile. Alors qu’ils apparaissent courtois et pleins de bonne volonté au moment de la signature de leur promesse d’achat, ils peuvent changer soudainement d’attitude et adopter un comportement agressif envers l’entrepreneur face à un problème ou à un imprévu pouvant surgir en cours de route. Ils voudront alors imposer leur point de vue, ce qui pourra conduire à un différend, voire à un litige entre les parties.
Ainsi, tel client ingénieur voudra intervenir lors de la construction et ‘montrer’ à l’entrepreneur comment on construit des fondations solides, tel autre architecte voudra contrôler la façon d’installer un toit ou un revêtement extérieur, tel autre avocat voudra démontrer à l’entrepreneur de prétendues illégalités dans sa documentation ou dans sa façon de procéder avec son client. Inutile de dire alors que la situation peut s’envenimer et finir par amener les parties devant un tribunal.
Mais l’entrepreneur peut se consoler malgré tout en se disant que ce type de client demeure foncièrement honnête, de telle sorte qu’au bout d’un processus qui peut s’avérer long par ailleurs, il a de bonnes chances d’obtenir gain de cause, que ce soit par une entente avec son client, par la décision d’un arbitre ou par un jugement de la Cour.
Le truand
Les clients pouvant être qualifiés de truands ou de véreux sont rares, mais ils n’en existent pas moins. Lorsqu’un entrepreneur se fait prendre dans les filets d’un tel individu, il risque de ne pas en dormir pour quelques nuits ! Et aucun entrepreneur n’est à l’abri d’une telle situation. Voici un cas bien réel survenu sur la rive nord.
L’individu concerné se présente un de ces jours au bureau des ventes d’un petit entrepreneur. Il conduit une Mercedes et affiche un look de businessman ayant réussi dans les affaires. Selon le dicton, il apparaît au-dessus de tout soupçon comme la femme de Jules César. Il signe une promesse d’achat pour une maison déjà construite d’une valeur de 395 000 $. Il verse alors un petit acompte de 3 000 $, affirmant qu’il attend incessamment le versement d’une somme importante avec laquelle il paiera la maison en argent comptant.
Au bout de quelques jours, prétextant qu’il n’a pas encore touché l’argent attendu, mais qu’il doit quitter immédiatement sa résidence actuelle, il persuade l’entrepreneur de lui rendre service, dans l’attente de passer chez le notaire, et de lui remettre les clefs pour lui permettre de prendre possession de la maison.
Et voilà, le mal est fait ! Notre homme, par ailleurs insolvable, ne se rendra jamais chez le notaire et ne paiera jamais la maison… Dans l’intervalle, il demeurera dans la maison sans jamais rien payer tout en affirmant à l’entrepreneur, d’un ton sec et comminatoire, qu’il est maintenant propriétaire des lieux en vertu d’une disposition de la loi qui stipule qu’une promesse de vente accompagnée de délivrance et possession actuelle équivaut à vente.
Jusqu’à ce qu’au bout d’une longue période, harassé par les fausses promesses du client et au bord de la faillite, l’entrepreneur concerné se décide de consulter un avocat dans le but de reprendre sa maison et d’en faire expulser le client véreux.
À lire, prochain Partenaires:
Fraude fiscale : un test pour la RBQ, une marche à suivre pour l’industrie?
Par: Serge Crochetière
Pensée de la semaine:
La joie est pareille à un fleuve : rien n’arrête son cours.
[Henry Miller]
Crochetière, Pétrin offre des services juridiques complets et de qualité supérieure en
droit de la construction et de l'immobilier.
Tiré d’un film de Sergio Leone, le titre de ce bulletin Partenaires a pour but d’illustrer les trois principaux types de clients, allant du plus commun au plus rare, avec lesquels un entrepreneur général en construction résidentielle est appelé à transiger dans le cadre de la vente de maisons neuves.
Le bon
D’entrée de jeu, on peut affirmer que les acheteurs de maison neuve se classent, pour une très grande majorité d’entre eux, dans cette première catégorie : ce sont ceux qu’il serait convenu d’appeler les bons clients. Une fois que leur promesse d’achat d’une maison neuve a été acceptée par l’entrepreneur vendeur, ils respectent usuellement tous les engagements souscrits à la promesse bilatérale intervenue entre les parties.
Ainsi, ils font leurs versements progressifs conformément à l’échéancier prévu au contrat, effectuent aux dates convenues les choix de matériaux et de couleurs chez les fournisseurs, paient sans discuter les extras demandés à l’entrepreneur en cours de construction, passent signer l’acte de vente à la date fixée chez le notaire instrumentant et paient alors le solde du prix d’achat de leur nouvelle maison. En d’autres termes, ce sont de bons clients qui respectent les obligations qui leur incombent en vertu du contrat.
La brute
Les clients qui peuvent personnifier la brute dans cette catégorie, quoique peu nombreux en général, se caractérisent en quelque sorte par un besoin de montrer à l’entrepreneur leurs connaissances ou leur savoir-faire dans un domaine particulier de la vie civile. Alors qu’ils apparaissent courtois et pleins de bonne volonté au moment de la signature de leur promesse d’achat, ils peuvent changer soudainement d’attitude et adopter un comportement agressif envers l’entrepreneur face à un problème ou à un imprévu pouvant surgir en cours de route. Ils voudront alors imposer leur point de vue, ce qui pourra conduire à un différend, voire à un litige entre les parties.
Ainsi, tel client ingénieur voudra intervenir lors de la construction et ‘montrer’ à l’entrepreneur comment on construit des fondations solides, tel autre architecte voudra contrôler la façon d’installer un toit ou un revêtement extérieur, tel autre avocat voudra démontrer à l’entrepreneur de prétendues illégalités dans sa documentation ou dans sa façon de procéder avec son client. Inutile de dire alors que la situation peut s’envenimer et finir par amener les parties devant un tribunal.
Mais l’entrepreneur peut se consoler malgré tout en se disant que ce type de client demeure foncièrement honnête, de telle sorte qu’au bout d’un processus qui peut s’avérer long par ailleurs, il a de bonnes chances d’obtenir gain de cause, que ce soit par une entente avec son client, par la décision d’un arbitre ou par un jugement de la Cour.
Le truand
Les clients pouvant être qualifiés de truands ou de véreux sont rares, mais ils n’en existent pas moins. Lorsqu’un entrepreneur se fait prendre dans les filets d’un tel individu, il risque de ne pas en dormir pour quelques nuits ! Et aucun entrepreneur n’est à l’abri d’une telle situation. Voici un cas bien réel survenu sur la rive nord.
L’individu concerné se présente un de ces jours au bureau des ventes d’un petit entrepreneur. Il conduit une Mercedes et affiche un look de businessman ayant réussi dans les affaires. Selon le dicton, il apparaît au-dessus de tout soupçon comme la femme de Jules César. Il signe une promesse d’achat pour une maison déjà construite d’une valeur de 395 000 $. Il verse alors un petit acompte de 3 000 $, affirmant qu’il attend incessamment le versement d’une somme importante avec laquelle il paiera la maison en argent comptant.
Au bout de quelques jours, prétextant qu’il n’a pas encore touché l’argent attendu, mais qu’il doit quitter immédiatement sa résidence actuelle, il persuade l’entrepreneur de lui rendre service, dans l’attente de passer chez le notaire, et de lui remettre les clefs pour lui permettre de prendre possession de la maison.
Et voilà, le mal est fait ! Notre homme, par ailleurs insolvable, ne se rendra jamais chez le notaire et ne paiera jamais la maison… Dans l’intervalle, il demeurera dans la maison sans jamais rien payer tout en affirmant à l’entrepreneur, d’un ton sec et comminatoire, qu’il est maintenant propriétaire des lieux en vertu d’une disposition de la loi qui stipule qu’une promesse de vente accompagnée de délivrance et possession actuelle équivaut à vente.
Jusqu’à ce qu’au bout d’une longue période, harassé par les fausses promesses du client et au bord de la faillite, l’entrepreneur concerné se décide de consulter un avocat dans le but de reprendre sa maison et d’en faire expulser le client véreux.
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Pensée de la semaine:
La joie est pareille à un fleuve : rien n’arrête son cours.
[Henry Miller]